Si Mohamed BABAY était barbier — et bien davantage.


Le jour, il maniait les ciseaux avec précision dans son échoppe de Halfaouine.
Le soir, il devenait calligraphe, tenant le pinceau et l’encre avec une dextérité remarquable.

Sur certaines cartes postales de Lehnert & Landrock, il apparaît sous l’appellation de « dessinateur arabe ».
Mais cette désignation est réductrice : Si Mohamed BABAY était avant tout un artiste accompli, porteur d’un patrimoine immatériel fait de gestes, de savoir-faire et d’écriture.

Selon un article d’Émile Blondel paru dans Tunisie illustrée (septembre 1910), son maître, Hadj el Bouab, était déjà barbier et calligraphe sur verre.
Pour Mohamed BABAY, le verre s’avérant trop fragile, c’est sur papier qu’il travaillait, à la fermeture de son échoppe.

Sous ses doigts, l’écriture s’étirait, se formait et se déformait jusqu’à créer une harmonie esthétique singulière :
une errance ordonnée, souple et gracieuse, née d’un esprit profondément créatif.

Longtemps photographié mais resté anonyme, Si Mohamed BABAY a pu être identifié et replacé dans l’Histoire grâce aux recherches de Michel Mégnin, qui lui rend hommage dans son ouvrage TUNIS 1900 (pp. 114–115), et grâce aux éclairages du groupe Oblitarium.
Nommer ce visage, c’est déjà sauver une mémoire.

Mots-clés

barbier · calligraphie · gestes artisanaux · Halfaouine · Lehnert & Landrock · Tunisie illustrée · Émile Blondel · Hadj el Bouab · patrimoine immatériel · artistes populaires · savoir-faire urbain

Moncef Bouchrara

Mon Grand Père Si Abdesselam Bouchrara ( 1880-1949) était un calligraphe reconnu à Tunis. Il était peintre sur verre. Il était connu aussi pour divers autres talents artistiques, dont la peinture sur soie et belles étoffes, en particulier les grandes tenues féminines ( Fouta et Blouza). Si Ahmed Lamine, un ami d'enfance, m'a rappelé un jour que sa chère maman en avait porté une.

Témoignages

ع.الحميد عطية

Il semble que la famille Babay est féru pour la calligraphie, Ahmed Babay était enseignant de langue arabe à l'école Dar el djeld, dans les années 50. Il nous à imposé l'art de bien écrire... et à chaque fois, il invitait son ami, le célèbre calligraphe Mohammed el Khamassi..en classe pour nous présenter ses plus belles planches, et c'est comme ça que j'ai suivi le chemin de cet art ...Rabbi yarhmou.